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Caractère du Beauceron

EXTRAIT DU LIVRE DE RENÉ SAUVIGNAC,ÉDITIONS DE VECCHI, 1984

« Gentilhomme campagnard », c'est ainsi que la grande Colette a dessiné en deux mots le portrait de son beauceron. Cette définition est toujours valable et il semble difficile d'en trouver une meilleure.
Monsieur, c'est jusqu'au bout de l'ongle de son double ergot. Il faut le voir camper fièrement pour mieux surveiller son troupeau ou défendre sa maison, afin de réaliser sa noblesse. C'est un chien "qui ne ment pas" et son apparence de fierté reflète vraiment la profondeur de son caractère. C'est aussi un paysan par sa rusticité, sa réserve, son profond attachement, son sérieux, son amour du travail.

Le Beauceron est le plus grand des chiens du premier groupe (groupe qui, à l'heure actuelle, regroupe tous les chiens de berger). Par sa taille, sa puissance et son expression, il apparaît comme le redoutable défenseur de ses maîtres, de son troupeau, de sa propriété. Ses yeux sombres sont francs, loyaux, sévères, voire durs, ce qui lui a peut-être valu une réputation de chien agressif dans certaines régions. Pourtant ce grand chien noir devient "stupide" avec les enfants à qui il ne sait pas montrer son affection. Dans ses démonstrations, son contact est parfois rude. Pour un chien d'une cinquantaine de kilos qui veut "faire un câlin", et pour qui grimpe sur les genoux, pose quelques problèmes. Une bonne éducation et sa sagesse naturelle lui permettront " d'aborder les enfants et les grands-mères fragiles avec toute la douceur nécessaire. Bien sûr, il est difficile d'imaginer lorsqu'un bébé Beauceron fait son apparition dans une famille, que cet adorable chiot être dix mois plus tard un chien de taille adulte, et que ce ne sera encore qu'un "gros" bébé.Dix mois c'est court et c'est durant cette période que le chiot doit apprendre la vie.

En matière de dressage, mais de simple éducation, il est impératif que durant ces quelques mois votre compagnon apprenne les principes de base qui régissent la maison. Pour chacun, les interdits sont différents : pour certains la pelouse est sacrée, pour d'autres ce sera la salle à manger... toute la vie en communauté doit être déterminée durant les premiers mois, le Beauceron peut devenir un galop insupportable, Ou un compagnon irremplaçable .

Il ne faut jamais oublier que le Berger de Beauce est un chien fier, fier de caractère ; Toute contrainte excessive sera inacceptable. Par contre, si son maître est équitable avec lui, il fera toujours son possible pour le satisfaire. Une caresse sera la plus belle des récompenses. Le Beauceron est le chien d'un seul maître, cela ne veut pas dire que dans une famille il ne s'attache qu'à l'un de ses membres, mais lorsqu'il a été adopté et adopté par une famille, il a d'énormes difficultés à changer. Ainsi, une Beauceron qui avait changé de maître à onze mois a mis plus de six mois à se réhabiliter. Et le plus étonnant, c'est qu'une fois par an, le premier maître revenant dire bonjour à son ancien élève, s'est parfaitement intégré à sa nouvelle famille et lui a réservé un accueil délirant. Tous ses proches ont reconnu qu'elle ne leur montrait pas autant de joie. Après chaque visite, le Beauceron restait déprimé sans pratiquement prendre de nourriture pendant près de huit jours. Elle mourut à treize ans, sans jamais avoir oublié son premier maître. Ces exemples sont nombreux et il serait facile d'en citer plusieurs. Si l'expression "gentilhomme campagnard" correspond bien au portrait du Berger de Beauce, les adjectifs : sage et audacieux disent tout de son caractère. 

Sage, c'est bien : quand on voit un Beauceron, il est évident qu'on n'a pas affaire à un "drôle". Il est sérieux, il ne se laisse pas dire, il a un devoir, une mission - garder sa maison, ses enfants, ses maîtres ou son troupeau, ou retrouver au bout d'un sentier l'enfant fugueur ou le mouton perdu. Il le fera de toute sa force, de toute son intelligence, mais aussi de toute sa mesure, de toute sa sagesse.

Hardy, il sera dans toutes les actions qui nécessitent d'aller de l'avant, de prendre ses responsabilités et il résoudra avec toute la rigueur dont il est capable les problèmes qui se présenteront. Il a une autre qualité dont on parle peu, c'est la régularité de son caractère. Au cours de sa vie, à l'âge adulte, son comportement restera le même. S'il a été un compagnon agréable pendant quatre ou cinq ans, il ne deviendra pas tout à coup un chien agressif, soudain sans raison, qui mord les enfants qu'il a lavés pendant quelques années.

Comme certains hommes qui souvent ne parlent pas plus que nécessaire, le Beauceron est un chien qui aboie peu et seulement à bon escient. Le maître qui connaît bien son chien pourra, sans sortir de chez lui, savoir qui s'approche de chez lui ; Entre l'arrivée de la voiture d'un animal qui s'arrête, d'un chien qui passe ou d'un inconnu, il y aura autant d'aboiements distincts que d'événements différents.

Quand on parle d'un chien, on cite ses qualités : il se garde bien, il est fidèle, il est gentil, il chasse bien... tout ce qui fait rêver un chien de garde, de chasse ou de compagnie. On pourra également citer ses défauts afin de choisir en toute connaissance de cause la race qui pourra le mieux vous convenir. Nous listerons les ascendants prestigieux pour convaincre et nous convaincre de la grande qualité du chien.

Mais il y a une chose dont on parle rarement : la santé. Il y a cinquante ans, la majorité du troupeau beauceron était aux mains des bergers, et pour eux le chien n'était pas un jouet ou simplement un complément à la vie de famille. Elle devait être un outil de travail fiable et efficace. Ils ne pourraient pas garder un chien incapable de fournir un travail acharné tous les jours de l'année (certains doivent encore parcourir plus de cent kilomètres par jour), et ce par tous les temps. Le chien, à cette époque, ne représentait pas une valeur vénale, il ne pouvait donc pas être échangé "et finir sa vie sur un canapé dans une maison bien chauffée à l'abri des intempéries, comme le berger ne pouvait garder un chien inutile, de chien de soupe,

Nous bénéficions encore de cette sélection sauvage qui au fil des années a supprimé les sujets maladifs, peureux, agressifs, faibles, inintelligents, etc., pour ne retenir que les sujets solides, calmes, courageux et intelligents qui sont les ancêtres de notre beauceron.

Il n'y a rien de plus triste que de voir son fier compagnon vieillir prématurément et commencer à décliner vers l'âge de six ou sept ans, devenir sourd, aveugle, atrabiliaire. Le Beauceron, bien sûr, doit mourir un jour, mais dans la plupart des cas il restera jusqu'aux dernières semaines, voire jusqu'aux derniers jours, le chien que vous avez toujours connu et aimé. Son temps de passage près de chez vous et son travail terminé, il s'éteindra mais ne vous laissera jamais un souvenir de chien tombé.

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